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Comment rajeunir ses artères

lundi 14 juillet 2014, par Jean Luc Penet

Le régime qui rajeunit les artères

Si vous avez des artères en mauvais état, prendre des médicaments ou subir des opérations (pontage, angioplastie, transplantation) ne résoudra le problème que provisoirement.

Ces interventions ne sont efficaces que dans les cas d’urgence : infarctus, thrombose, certains AVC, risque imminent d’accident.

Mais le seul moyen de faire du bien à long terme à votre cœur et à vos artères est de changer de mode de vie : exercice physique, alimentation et arrêt du tabac si vous fumez.

Les médicaments contre le cholestérol ne marchent pas Avalez une statine, un médicament contre le cholestérol et, boum, votre taux de cholestérol sanguin baisse de 10 à 30 %. Sans rien changer à votre mode de vie, ni même à votre alimentation.

Votre risque de mourir a-t-il baissé dans l’opération ? Non, malheureusement.

Les choses ne sont pas si simples.

Tout ce que les statines font, c’est empêcher le foie de fabriquer du cholestérol. Mais elles ne réduisent pas le risque cardiaque, car les accidents cardiaques sont, dans la majorité des cas, provoqués par un caillot sanguin qui bouche une artère. Or, le cholestérol n’intervient nulle part dans la formation du caillot. Baisser le taux de cholestérol ne diminue pas le risque d’accident.

Au contraire : parce que le cholestérol est une molécule essentielle pour les parois cellulaires, réduire le taux de cholestérol sanguin pourrait bien fragiliser vos cellules et donc vos artères. Les statines (contre le cholestérol) sont aujourd’hui accusées d’augmenter le risque d’AVC hémorragique [1] (sang qui se répand dans le cerveau suite à la rupture d’une artère, ce qui peut tuer ou laisser de graves séquelles, comme la paralysie), et soupçonnées de favoriser le cancer [2].

Dans les médias grand public, vous lirez que le problème vient du cholestérol qui réduit le diamètre de l’artère, comme si le cholestérol se déposait dans l’artère à la manière du calcaire dans une tuyauterie.

Mais c’est un mythe qui n’a aucun fondement scientifique ou médical.

Oui, les artères malades sont de plus en plus étroites. On dit qu’elles se sténosent. Mais cette sténose n’est pas provoquée par une accumulation de cholestérol. Elle est provoquée par la sclérose de l’artère, qui se cicatrise à force d’être agressée. A l’intérieur de cette cicatrice s’accumulent des cristaux de cholestérol, fer et calcium : l’athérome. L’athérome et la sclérose sont appelés athéro-sclérose par les médecins, mais ce n’est pas du cholestérol. Le cholestérol sanguin n’est pas la cause de l’athérosclérose. Le cholestérol entre seulement dans la composition de l’athérome, mais il ne représente en tout que 10 % de l’athérosclérose.

C’est pourquoi lutter contre le cholestérol est si peu efficace pour faire reculer l’athérosclérose.

Les agressions contre la paroi des artères sont le fait du vieillissement, de la fumée de cigarette, de la pollution, de la mauvaise alimentation, du manque d’exercice physique. Car cette paroi est protégée par une couche de cellules très sensibles à ces facteurs, l’endothélium. L’exercice physique régulier, en particulier, permet à votre endothélium de se régénérer.

Mais si vous laissez votre endothélium se dégrader, c’est inévitable, vos artères vont être touchées par l’athérosclérose.

L’athérosclérose est la conséquence d’un problème de mode de vie, la sédentarité, et d’une mauvaise alimentation. Elle se combat non par les médicaments, mais par une bonne alimentation et une bonne hygiène de vie, qui inclut de l’exercice physique fréquent.

Le régime qui a fait ses preuves contre les maladies cardiaques La bonne alimentation, contre l’athérosclérose, ne consiste pas du tout à essayer de diminuer son taux de cholestérol. Tous les essais cliniques rigoureux qui ont cherché à réduire le taux de cholestérol des patients pour diminuer leur mortalité ont échoué, que ce soit par l’alimentation ou par les médicaments. C’est établi scientifiquement [3].

En revanche, on sait qu’il existe un régime alimentaire qui diminue drastiquement le risque d’accident cardiaque.

C’est en France, dans les années 90, qu’a eu lieu l’étude clinique la plus rigoureuse et la plus efficace dans ce domaine. Elle a démontré les effets d’un régime alimentaire pour réduire la mortalité chez des personnes pourtant très affaiblies, souffrant de maladies du cœur et des artères.

Cette étude, appelée Lyon Diet Heart Study (étude de Lyon), a été menée par les Dr Michel de Lorgeril et Serge Renaudin. Ses résultats ont été publiés en 1999 dans la prestigieuse revue médicale The Lancet. Ils indiquent qu’une diète méditerranéenne traditionnelle pour des patients qui ont survécu à un premier infarctus du myocarde réduit de 50 à 70 % le risque d’une nouvelle complication cardiovasculaire et augmente l’espérance de vie de près de 50 %.

Jamais aucun traitement n’avait montré – et n’a montré à ce jour – une telle efficacité.

Pourtant, cette étude concernait de nombreuses personnes en très mauvaise santé. Toutes les personnes étudiées n’ont pas suivi à la lettre les prescriptions de régime. Enfin, on ne leur a pas demandé de faire d’exercice physique particulier.

Si tous ces facteurs avaient été réunis, les résultats auraient probablement été bien plus spectaculaires encore.

En quoi consiste la diète méditerranéenne. Dans son livre Cholestérol, Mensonge et Propagande [4], le Dr Michel de Lorgeril résume la diète méditerranéenne qui a permis d’obtenir ces résultats :

« La diète méditerranéenne est une diète riche en céréales peu raffinées, surtout le blé consommé sous forme de pain, de pâtes, de couscous, etc. Elle est riche en fruits et en légumes frais consommés de façon saisonnière. Les légumes feuilles, en particulier, sont proposés à tous les repas. Elle est également riche en légumes secs : haricots, fèves, pois (chiches et autres), lentilles. Les Méditerranéens consomment des fruits à coque (amandes, noix, noisettes) et, pendant l’hiver, des fruits séchés, comme les fameux raisins de Corinthe, mais aussi des figues et des abricots. Ils consomment les œufs, les poissons et les viandes (plutôt volailles et lapins, dans certaines zones) de façon modérée en général. Ils consomment des produits laitiers mais seulement fermentés (fromage et yogourts) en quantités faibles à modérées, et surtout ceux faits à partir de lait de brebis et de chèvre. L’huile d’olive est l’huile exclusivement utilisée pour la cuisine et, évidemment, on ignore le beurre ainsi que les huiles polyinsaturées (tournesol, maïs, etc.). Les herbes aromatiques (romarin, thym et origan), l’ail et l’oignon sont largement utilisés pour la préparation des repas, de même que les jus de citron et autres agrumes. » (page 227)

Ajoutons à ce résumé que cette diète est riche en oméga-3. On peut compléter l’huile d’olive par de l’huile de colza riche en oméga-3. Les poissons consommés sont en majorité des sardines et des anchois, riches eux aussi en oméga-3. Lors de la Lyon Diet Heart Study, les participants recevaient gratuitement une margarine spéciale faite à base d’huile de colza riche en oméga-3. Enfin, il est recommandé, pour les personnes qui boivent de l’alcool, un bon verre de vin rouge par jour, riche en excellents polyphénols (antioxydants) protecteurs pour les artères.

Vous pouvez avoir tous les détails dans le livre de Michel de Lorgeril Prévenir l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral, paru fin 2011, et qui contient douze chapitres sur la diète méditerranéenne.

Le secret du régime méditerranéen Hasard étonnant, au moment même où j’écris cette lettre, deux chercheurs annoncent avoir percé le secret du régime méditerranéen [5].

Selon eux, les acides gras insaturés (huile d’olive, fruits à coques…), prônés dans le régime méditerranéen au détriment des acides gras saturés (graisses animales, produits industriels), interagissent avec les nitrates et les nitrites produits par les légumes, l’autre principale catégorie alimentaire recommandée dans ce régime. Cette réaction entre acides gras insaturés et nitrates des légumes induit la formation d’acides gras « nitro ». Or ces acides gras « nitro » neutraliseraient une enzyme impliquée dans la régulation de la tension artérielle.

Il s’agit toutefois d’une expérience menée sur des souris.

Mon opinion à ce sujet est qu’il est difficile ou impossible d’isoler ainsi un seul effet du régime méditerranéen, comme si, au fond, il fonctionnait comme un médicament.

La diète méditerranéenne est un art de vivre sain, et c’est en cela qu’elle est favorable à notre santé, car se rapprochant au mieux de nos besoins naturels. (la suite ci-dessous)

Et le gluten, dans tout ça ?! On remarquera que la diète méditerranéenne fait la part belle aux céréales, et en particulier au blé riche en gluten, que nous mettons régulièrement en cause. Le Dr de Lorgeril a entre temps publié une étude, dans la revue Food Sciences & Nutrition, dans laquelle il met en garde en effet contre le blé moderne, ayant subi des hybridations qui provoquent des intolérances au gluten [6].

Les personnes qui ne tolèrent pas le gluten ou qui ont une maladie liée au blé moderne doivent donc se tourner vers le riz complet à la place du blé complet, qui a aussi un indice glycémique faible. Sans oublier toutes les légumineuses qui ne contiennent naturellement pas de gluten (lentilles, haricots rouges et blancs, pois cassés ou pois chiches).

L’important est de se fixer des objectifs réalistes L’étude du Dr Michel de Lorgeril portait sur des personnes ayant fait un infarctus. Les patients ayant été recrutés à Lyon et dans sa région, beaucoup étaient probablement habitués à un régime riche en charcuteries, pâtisseries et viandes en sauce.

Il ne s’agissait pas de personnes intéressées a priori par un mode de vie austère et sain, bien au contraire…

Il est capital que les conseils nutritionnels soient praticables par les personnes qui sont censées les suivre. La médecine traite des êtres humains, non des machines.

En matière de changement de mode de vie, le plus urgent n’est pas d’appliquer les recettes intégralement mais de progresser, à mesure de ses forces, dans la bonne direction.

J’espère que cela aidera les personnes qui ont des artères en mauvais état à prendre la décision de manger mieux, et de se remettre à l’exercice physique, même à petits pas.

Jean Marc Dupuis

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